« Après avoir estimé à 2,7 milliards de dollars américains les pertes causées par le cyclone Matthew dans un rapport, on a donc choisi de dépenser 240 millions de gourdes dans un carnaval aux Cayes, une des régions affectées», rappelle l’économiste Kesner Pharel, soulignant qu’un autre s’est déroulé en même temps dans la capitale. Il s’interroge sur les choix des décideurs politiques.
Le P.D.G. du Group Croissance a démontré, à travers cet exemple, le type de comportements de nos décideurs. La dépréciation accélérée fait son petit bout de chemin et les parlementaires mettent le projecteur sur la Banque centrale. « Les sénateurs se plaignent de la décote de la monnaie locale. Cependant, les parlementaires oublient aussi qu’ils avaient pour devoir de voter le budget. Ils ont failli à cette mission depuis tantôt deux exercices fiscaux», affirme Pharel, taclant les sénateurs qui se plaignent particulièrement de celui qui avait encouragé l'organisation du carnaval dans son département.
Au cours de cette interview, Kesner Pharel a mis l’accent sur les causes conjoncturelles qui provoquent cette dépréciation de la gourde. Il a pris l’exemple des violentes perturbations qui viennent de l’Arcahaie. L’économiste a fait référence aux ressources propres de la commune de l'Arcahaie sans être détachée de Montrouis. « Arcahaie est une zone stratégique. Quand elle est bloquée, l’accès au grand Nord est quasiment interdit. Notamment les flux de marchandises qui devraient laisser la capitale pour aller dans la région Nord», explique Kesner Pharel.
« Pour l’exercice 2014-2015, les ressources propres de l’Arcahaie sont estimées, selon le ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales, à seulement 56 691 dollars américains », a informé le présentateur de l’émission Investir, conseillant les maires des communes de l’Arcahaie, de Cabaret et de Saint-Marc de créer un pôle de développement.
La difficulté de mettre sur pied le gouvernement plus d’un mois après l’investiture du président Jovenel Moïse qui avait fait des promesses en ce sens mais non tenues et les signaux envoyés par les parlementaires font naître des incertitudes qui impactent le marché des changes, constate Pharel. Aux aspects conjoncturels, il a présenté le jeu de spéculation des agents économiques comme étant des causes structurelles.
Si les parlementaires prennent la BRH comme le bouc émissaire pour ce qui concerne la dépréciation de la gourde, l’économiste a pris la défense se la Banque des banques. « La BRH n’est pas responsable de la dépréciation de la gourde. C’est notre comportement politique, économique et social qui en est la cause. La Banque centrale est comme un thermomètre, elle ne peut pas faire disparaître la fièvre », a soutenu Kesner Pharel.
Dans son intervention, l’économiste a fait savoir que la monnaie peut être utilisée sur le plan commercial comme une bombe économique. Dans un pays où l’économie est compétitive, la dépréciation de la gourde peut l’aider à pénétrer d’autres marchés.
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